En col pyrénéen

Au tir au vol

publié le Dimanche 18 Mars 2012

Les palombes, pour aller hiverner sur la péninsule ibérique, doivent passer les Pyrénées. Elles empruntent les cols les plus bas, là où c'est le plus facile, et quand les vents sont les plus porteurs.

C'est là que les attendent des lignes de chasseurs de tir au vol.
Les cols sont situés pour une grande majorité au Pays-basque tout comme les pantières.

Les chasseurs sont cachés dans des postes de tir à demi enterrés, fabriqués en bois pour la plupart, en briques ou pierres pour d'autres mais toujours peints en vert et camouflés à la fougère pour tenter de se fondre avec la couleur naturelle de la crête du col et passer ainsi inaperçus aux yeux des palombes.

Ils attendent les palombes, les yeux rivés sur l'horizon pour détecter le moindre indice de la présence d'un vol en approche.
Elles arrivent, les chasseurs se préparent et attendent le coup de sifflet qui donnera l'ordre de tir. Ils se sont imposés cette règle pour laisser "rentrer le vol", les palombes de fin de vol étant toujours plus basses, et tirées trop tôt tout le vol fera demi-tour pour redescendre dans la vallée. Les laisser rentrer assurera que celles de fin de vol seront quand même tentées de suivre les premières qui sont passées. Ne voulant pas se séparer, elles passeront toutes. Cela assure aussi que tous les postes à distance pourront tirer.

Le passage est dépendant à 100% des conditions météo. Les palombes ne passeront que si les cols sont dégagés, que le vent est porteur et non de face. Bien sûr, on nous racontera des jours de folie où les palombes étant restées bloquées par le brouillard pendant plusieurs jours dans la vallée passeront toutes à la moindre éclaircie, même si le vent est de face, poussées par l'impulsion migratoire.
On nous a raconté même que certaines arrivant contre le vent à flirter avec les crêtes et faisant du sur place tellement le vent est fort se sont posées au sol et sont passées "à pattes" !

 

 

Cette chasse a quelque peu évolué depuis quelques années.

Les structures d'accès ne sont pas ce qu'elles étaient et il fallait avoir une sacré foi pour monter au col dans ces conditions: Il n'y a pas si longtemps que ça, il fallait faire 4 à 5 heures de marche à dos d'âne pour rejoindre le cayolar (sorte de cabane d'accueil tout confort où les chasseurs se rassemblent pour passer le temps lorsqu'il pleut et y dormir pour ceux qui ne redescendent pas dans la vallée). On ne retrouvait là-haut que les passionnés, les pionniers, les "mordus".

Il y a maintenant pour la plupart des cols un accès routier amenant au pied du col et il suffit de quelques minutes de marche pour rejoindre les premiers postes (quelques minutes difficiles pour certains lorsqu'il faut porter de nombreux kilos de cartouches). Certains les parcourent même en 4x4...

Règlementation :

Il est interdit de tirer au vol au dessous de 800 m d'altitude et ceci pour privilégier les palombières du piémont.
Certains cols appartiennent définitivement "aux locaux" et il faut montrer patte "souletine" pour pouvoir y chasser. D'autres sont loués à la saison et chaque poste est ensuite loué au chasseur. On appelle cela les adjudications qui se déroulent au mois de Mai.
Les prix de telles locations ont à une époque flambé, on entendait jusqu'à 10 000 Fr pour louer un poste de tir pendant 5 semaines, sachant que certains n'en profitaient au maximum que 15 jours.

Le tir au vol en col n'a pas très bonne réputation du fait tout d'abord de débordements excessifs en tous genres, d'affaires de territoires et il est vrai que lorsqu'on se promène sur les lieux les jours de grands passage, on a la réelle impression que la guerre est déclarée tant les pétarades sont impressionnantes, ce qui peut choquer certaines âmes.

Il ne monte plus au col que ceux que la passion "aveugle" car il s'agit désormais là-haut davantage de tir que de chasse, de frime que d'authenticité. Nous sommes bien loins maintenant de la chasse d'antant, pure et saine telle qu'on la conçoit dans nos esprits, telle qu'on la voudrait toujours, où les tableaux fabuleux se gagnaient chèrement.

Quelques noms de cols du Pays-basque :

 

Cols Nb de
postes
    Cols Nb de
postes
    Cols Nb de
postes
Odixareko Phasia 24   Burdinolatze 24   Zarzagoity 16
Tharta 40   Otsolatze 20   Andoxe 20
Sensibil 30   Hegillore Etxebidia 20   Erroimendy Sakhoundoua 20
Ilharre Murru 20   Aixaltia Gallure 20   Herna 20
Millagate "B" 20   Zunphudia 20   Erroimendi Orhy 28
Millagate "A" 20   Ilharre Ordoki 20   Eskantola 20
Lehere Bizkarze 24   Eskaleta Hegilla 10   Mehatze 16
Biskarze Ibarroundoua 24   Beskoy 40   Etcheberrigaiko Lephoua 20
Uthurzeheta 18   Losko 36   Iraizabaleta 20
Burkhegi 20   Elhurrosoko Lephoua 10   Gela 20
Organbideska 20   Arralteko Lephoua 16   Ugatze Pia 20
Otsogorri Gagna 20   Gelegagna 16      

On chasse cependant les palombes au vol sur les crêtes de l'ensemble de la chaîne pyrénéenne mais les passages y sont moins réguliers et souvent beaucoup plus hauts :

Hautes-Pyrénées :
col de Pradaous, col de l'Alouet, col de Gerde(Bagnères de Bigorre), le Chiroulet(Argelès-Gazost), col de Spandelles et col du Soulor

Haute Garonne :
sud du département, en Haut-Comminges : cols des Massipous et de Larrieu, cols de Portet-d'Aspet, col d'Artigascou, de Mente, de Caube et col du Hô.

Ariège :
cols de la Trape, de la Crouzette, de Pause, le Port-d'Aula, le Port-de-Salau, col de la Core et le col du Piégeau.

Pyrénées-Orientales :
col de l'Ouillat et col du Panissas, col de Paloumère près du Canigou (passages meilleur en Mars pendant le retour).

l'Aude :
quelques passages sur le littoral audois.

On notera enfin le cas très particulier de la Corse qui connaît de très forts passages selon les années et qui n'a jamais vraiment été étudié mais simplement constaté.