Lekerly ma vie en bleue

publié le Lundi 12 Octobre 2020

Hélène

publié le Lundi 19 Octobre 2020

Vu le temps pluvieux de ce 9 septembre Franpa ne prend pas la direction de Capu. La météo annonce du temps plus clément dans les jours à venir. Alors, il reste chez lui.

Finalement, ça tombe bien. Il doit terminer la deuxième couche de peinture de la chambre d’amis et il faut le faire avant « Le Passage ». Car à partir de la première semaine d’octobre et pour une durée de deux mois Franpa n’aura « plus qu’une activité : les Bleues ».

Comme il sait de surcroît qu’il est important, pour son couple, de consacrer du temps à sa femme, c’est avec plaisir qu’il reste à la maison. Franpa aime sa passion, mais il sait qu’il ne doit pas tomber dans l’addiction.

La quasi-majorité des paloumayres sont des hommes. On ne parle que rarement de leurs femmes et pourtant leur rôle est primordial. Franpa sait qu’il ne faut pas pousser le bouchon trop loin.

Il est marié à Hélène depuis maintenant presque quarante ans et celle-ci a toujours accepté sa passion des bleues. Hélène dit souvent qu’être mariée à un paloumayre, c’est accepter que son mari ait finalement une deuxième femme, une véritable 
« maîtresse », une maîtresse passionnelle. Et elle vit avec elle depuis toujours.

Quand ils étaient jeunes, Franpa avait naturellement mis un peu d’eau dans son vin. Il s’était interdit de prendre tous ses congés en octobre. Contrairement à certains de ses amis qui l’avaient fait au détriment de leur couple. Il ne prenait donc qu’une semaine de vacances en automne (en espérant bien sûr que cela soit la bonne !!!). Un équilibre de vie s’était installé.

Passée la soixantaine et la retraite aidant, les deux mois de chasse ne sont plus une problématique. Hélène aime dire à ses amies :

« Au moins je sais où il est, je me lève et je mange quand je veux. Je suis libre de ma journée et comme ils ne font pas acte de régime le midi, le soir une simple soupe suffit ».

En revanche, elle est intransigeante pour le repas d’anniversaire de leur fils (qui coïncide avec le sien) le 21 octobre, ainsi que pour la journée de Toussaint. Rien de trop catastrophique en soi.

Hélène est bien sûr allée plusieurs fois à la palombière, mais rester des heures à regarder l’horizon en attendant d’éventuels vols d’oiseaux, ce n’est pas son truc. Elle préfère de loin aller aux champignons et là elle est devenue une véritable pro. Comme de surcroît, elle aime beaucoup cuisiner, le salmis de palombes aux cèpes est 
devenu une de ses grandes spécialités. Il est tellement bon, que Franpa aime dire qu’ils devraient le commercialiser.

Si Hélène n’a jamais attrapé la fièvre bleue, elle rejoint totalement son mari dans sa lutte pour la sauvegarde des traditions rurales. Dans les Landes elle a rejoint un mouvement qui va dans ce sens. 

La montée de l’antispécisme ne touche pas trop le département. Mais en France, il commence à faire de plus en plus parler de lui. 

Ce courant de pensée qui tend à ne pas faire de différence entre les espèces animales va beaucoup trop loin à ses yeux. On commence de plus en plus à relater dans la presse des actes de vandalisme d’extrémistes végans contre des boucheries ou des lieux de chasse.

Amoureuse de la liberté humaine, elle accepte sans difficulté de voir certains changer leurs habitudes alimentaires. Par contre, la radicalisation d’une partie d’entre eux, la heurte profondément.

Pour elle, la liberté n’est pas à géométrie variable, elle doit s’arrêter là où commence celle des autres. C’est pour elle une évidence.

Elle en a ras le bol de ces « arrivants » qui désirent arrêter le son des cloches, que ce soit celui d’une église, ou d’un troupeau de vaches. Il ne faut pas 
généraliser, ce n’est pas la majorité d’entre eux, mais dans sa campagne environnante, il y a de plus en plus de cas.

Ras le bol de ces personnes qui viennent vivre à la campagne et qui ne supportent pas ses bruits. Sur l’Ile d’Oléron, le Coq Maurice est devenu l’emblème victorieux de cette lutte.

Dans son beau département des Landes, c’est sur Soustons que le combat s’est mené. En 2018 un couple a fait l’acquisition d’une habitation voisine de celle de Dominique Dourthe. A 67 ans, cette landaise élèvait depuis plus de trente-cinq ans une cinquantaine de canards. Un an plus tard Dominique comparaissait devant le tribunal de Dax. Le bruit de ses canards incommodait ses voisins !!!! 

Encore des gens qui préfèrent le conflit au confit, que c’est triste !