Lekerly ma vie en bleue

publié le Lundi 12 Octobre 2020

Les premiers dangers

publié le Vendredi 16 Octobre 2020

En ce lundi 5 août, nous nous retrouvons autour du nid familial. Ce nid nous l’avions tous quitté deux jours après mon premier envol.

A ce moment-là, il était temps pour nous de dormir tous ensemble perchés sur des arbres. En l’espace de quinze jours, il s’était fortement détérioré.

Papa et maman avaient commencé à le construire avec amour dix jours avant la ponte des trois œufs. Ils l’avaient entretenu de façon exemplaire pendant près de deux mois. A tour de rôle ils l’avaient nettoyé. Une fois la famille partie, il n’avait plus d’utilité.

Papa souhaitait à tout prix nous réunir sur notre épicéa pour nous parler des dangers qui nous guettaient. Les premiers dangers, on les avait évités sans le savoir, sans s’en rendre compte.

Le premier danger est celui du nid. Il doit bien sûr être très stable pour éviter les éventuelles chutes, mais il est aussi primordial qu’il soit bien protégé contre les vents dominants.

Même s’il nous l’a souvent répété, il nous rappelle qu’il doit toujours être propre pour éviter le développement de moisissures qui favorisent le déploiement de germes pouvant attaquer notre organisme. 
De plus, il doit être aussi situé en position haute pour éviter les multiples prédateurs qui existent comme les fouines, putois, belettes, rats et même les chats sauvages.

De la ponte des œufs à notre départ du nid, un de nos parents était toujours présent, prêt à faire fuir nos ennemis. Et c’était parfois le cas. Notamment avec les geais et pies qui pouvaient être très agressifs.

L’enseignement de papa est primordial pour notre avenir et nous l’écoutons attentivement. Puis il nous félicite pour notre comportement.

En un mois Ioda était devenu une très belle palombe et l’égoïsme qu’il montrait à sa naissance avait en partie disparu.

Leila elle, est réputée pour être une des plus gentilles de la région de Sälna. Elle est appréciée de l’ensemble de la communauté.

Et quand il parle de moi, ce ne sont que des félicitations par rapport au travail qu’il m’a imposé. Je suis devenue une spécialiste du vol par tout temps et je suis réputée pour ma « soif de connaissance » ce qui fait de moi, une palombe « à part ».

Maman prend le relais pour nous demander de la suivre.
Elle nous montre certaines herbes et racines en nous demandant de ne jamais les manger sous peine de tomber gravement malade.

Elle attire aussi notre attention sur les mousses qui poussent sur les toits des maisons. Si leur douceur est très agréable quand on marche dessus, il est impératif de ne jamais les ingérer. Il en est de même pour les graines qui traînent près des fermes des humains. On y trouve de tout et notamment du poison. 

Puis papa nous amène le long du lac de Fysingen. Il sait qu’à cet endroit il y a souvent notre plus grand ennemi. Cet ennemi est un oiseau comme nous. 

Au bout de dix minutes, on le voit surgir par le nord. Il ne va pas dans notre direction, on est donc en sécurité. C’est un oiseau bien plus grand que nous qui s’appelle « Autour ».

L’autour est un rapace qui possède de courtes et larges ailes avec une longue queue. Celles-ci lui permettent d’être le champion du vol en forêt. Son envergure est de l’ordre d’un 1,2 m (on est bien plus petit avec notre 0,7 m). Son vol est caractéristique avec « cinq lents battements d’ailes puis un vol plané ». 

Quand il repère une proie, il peut fondre sur elle, à plus de 100 kilomètres/heure. Il se nourrit d’oiseaux 
de toutes tailles, ainsi que d’écureuils et de lapins. Ce n’est vraiment pas notre ami. 

Il faut le fuir.

Papa insiste pour qu’on l’observe avec attention. Il veut à tout prix qu’on sache le reconnaître. Une fois que l’autour a disparu, il nous dit cette phrase qui dans un premier temps m’a surprise, mais que j’ai très vite comprise.

« N’oubliez jamais les enfants, si un autour fonce sur vous, n’essayez pas de voler plus vite que lui, c’est impossible. En revanche, vous devez tout faire pour voler plus vite que les autres palombes qui sont avec vous. »

En me couchant cette phrase n’arrête pas de résonner dans ma tête.

Ce soir-là, j’ai du mal à m’endormir.