Lekerly ma vie en bleue

publié le Lundi 12 Octobre 2020

Starking bloc

publié le Lundi 26 Octobre 2020

Ce 4 octobre, Franpa, Dédé et Francis arrivent vers 9 h à Capu. Aujourd’hui, ils amènent les palombes. Comme à leur habitude, ils garent leur véhicule dans leur parking boisé directement attenant aux tunnels. Ils descendent de leur voiture et immédiatement, ils se figent.

Patrick a encore frappé.

Devant eux se trouve bien accroché sur un piquet boisé de soutien un cadre métallique représentant un plan d’évacuation de Capu. Ils ont sous les yeux la reproduction des tunnels de la palombière à l’échelle avec la célèbre pastille rouge « Vous êtes ici ». Le même style de panneau que l’on trouve pour la sécurité incendie dans les administrations ou les sociétés. Francis parcourt le restant des couloirs et revient vite en disant « Il y en a trois autres ». Franpa embraye avec un « Ce gars est totalement disjoncté ».

Dédé, en se rapprochant du cadre constate qu’après avoir vu tous ses appeaux affublés d’un prénom, c’est maintenant aux tunnels de subir le même sort.

On peut facilement distinguer le tunnel de l’espoir, le tunnel du mystère oriental, le tunnel de la grande recherche et même le tunnel de Fourvière. Il 
commence sérieusement à se demander si un jour, les pins ne vont pas subir la même destinée.

Le lendemain, quand ils revoient Patrick, ce dernier a le droit à un « Mais ça ne sert à rien ». Et à son habitude Patrick répond par une de ses phrases fétiches 
« Dans la vie, ce qui ne sert à rien n’est pas important. C’est primordial ».

Devant une telle réponse, ils ne savent pas quoi rétorquer. Comme l’évoque parfois Franpa « Si Patrick n’existait pas, il faudrait peut-être l’inventer, mais s’il y en avait deux comme lui, il faudrait sûrement en buter un des deux ».
 
Une fois cet épisode passé, ils partent installer au niveau de la zone filets les six poulets. Ils les placent dans leurs petits couloirs grillagés qui se terminent par une caisse boisée située le long des sols. Celle-ci leur servira de dortoir pendant près de cinquante jours.

Ils n’auront pas besoin de trop s’en occuper pendant la saison. Il faudra juste vérifier leur stock d’alimentation et de boisson.

Les autres palombes sont installées sur des barres, mais on préfère attendre un peu avant de les monter à leur poste en haut des pins. Pendant dix mois, elles ont vécu en volière et Franpa ne veut pas qu’on les perturbe trop. 
Comme les palombes sont des oiseaux sauvages, il est important de les casquer pour qu’elles restent tranquilles, notamment quand des migratrices se posent à côté d’elles. On leur installe donc un casque sur les yeux qui les empêche de voir en ne laissant passer qu’un peu de luminosité.

A partir de maintenant, ces palombes, il faudra s’en occuper tous les jours en les gavant quotidiennement. Mais cela ne s’arrête pas là. Quand vous gardez des appeaux pendant près d’un an, vous vous habituez à eux. Vous les voyez presque tous les jours et vous finissez par leur parler.

Les visiteurs sont souvent stupéfiés de voir Dédé rester de longues minutes avec un appeau en lui parlant doucement. Qui sait, peut-être qu’un jour, un visiteur cinéaste tombera sous le charme et décidera de faire un beau film. Il pourrait s’appeler « L’Homme qui murmurait aux oreilles des palombes ».

Dédé aime à dire que chacune a son caractère. Quand il leur parle, il a un regard affectueux. Sans elles la chasse n’existerait pas, il y tient comme à la prunelle de ses yeux.

Tous les pigeons va-et-vient sont par contre montés en haut des pins. Une fois en place les chasseurs attendront deux bonnes heures avant d’actionner les ficelles. Ils veulent que les pigeons s’habituent à leur nouvel environnement. Logiquement, la plupart d’entre eux retrouvent leur poste, mais il leur faut une 
période d’adaptation. Il faut bien sûr voir s’ils sont toujours aussi performants, mais logiquement il ne doit pas y avoir de problème. Il ne reste plus qu’à compléter l’équipe par les pigeons formés cet été.

Aujourd’hui, ils prennent leur premier véritable repas de chasse à la cabane. Le moment du repas est toujours un moment à part. Quel que soit le repas confectionné, il prend en pleine nature une autre dimension.

Après le son des douze coups du clocher de Poudenx l’apéro est servi. Trente minutes plus tard l’entrecôte de Francis est cuite et elle est dégustée parfaitement saignante avec des patates sautées à la graisse de canard. Le tout complété par une bonne salade frisée.

Ce jour-là aucun vol n’est repéré. C’est logique, il faut attendre encore quelques journées.

Ces moments de calme permettent de vérifier « grandeur nature » le bon fonctionnement de tous les appeaux. Et quand ils quittent la chasse en milieu d’après-midi tout est sous contrôle.

Ils sont tous prêts à vivre leur passion.