Rapport de baguage 2003

publié le Samedi 20 Mars 2004

Succès reproducteur en fonction de l’habitat

publié le Vendredi 20 Août 2004

Succès reproducteur en fonction de l’habitat

La figure ci-dessous (Fig.10) présente le succès reproducteur des différentes espèces dans les grandes catégories d'habitats.

Figure 10: succès reproducteur en fonction des habitats ; les zones urbanisées sont subdivisées entre les grandes zones urbaines et les villages. Les échecs à un stade inconnu figures en gris clair, les échecs sur œufs en noir, les échecs sur poussins en gris foncé, les nichées réussies en blanc. Certains habitats où les effectifs sont trop faibles n'ont pas été pris en compte ici.

On peut considérer que les résultats 2003 sont une reproduction assez fidèle de ceux de 2002 : le P. ramier présente un succès minimal en grande zone forestière, intermédiaire pour le groupe bosquet, landes… et zones agricoles. Le succès reste le plus élevé en milieu urbanisé, avec cette fois un meilleur résultat en agglomérations de taille réduite. Cette différence survient en raison d'une diminution du succès observé dans les grandes agglomérations. Cela peut résulter d'un impact grandissant des prédateurs qui suivent les nouvelles implantations de leurs proies comme cela semble être le cas sur certains sites de baguage « colombidés » dans Paris (parc du palais royal par exemple). Chez le P. colombin le succès reste assez similaire entre zones agricole et urbaines. Le faible effectif de nids trouvés en bosquet ne permet pas pour l'instant de statuer sur le fort taux de réussite apparent.

Le succès reste identique en 2002 et 2003 chez la T. turque, on remarque seulement au sein des nids ayant échoué une augmentation de la catégorie échec sur œufs. En zone de bosquet, habitat sans données en 2002, on remarque un succès nettement moindre qui, bien que reposant sur une taille d'échantillon encore faible, peut suggérer que la T. turque, en voie de colonisation dans ce nouvel habitat, subit des contraintes plus importantes sur la reproduction. A nouveau chez la T. des bois, constance des résultats entre les 2 années en zone agricole et recul du succès en bosquet, qui se situe à niveau égal avec celui observé en zone forestière. Le succès observé en zone est spectaculairement bas (moins de 25%), avec plus de 50% des nids ayant échoué pendant la couvaison.

Hauteur des nids, essences, lianes et succès reproducteur

Plusieurs études, que ce soit au Royaume-Uni ou en Pologne, se sont intéressées au succès de la reproduction chez le pigeon ramier en fonction de la hauteur du nid, montrant que celui-ci avait tendance à augmenter avec la hauteur, avec en revanche un succès moins important pour les nids les plus élevés, là où les corvidés sont présents. Nous avons considéré les données 2003 sous cet angle pour les 4 espèces.

Les résultats illustrés page suivante (Fig. 11) recoupent pour le P. ramier ceux obtenus dans d'autres pays : le nids avec succès sont en moyenne plus hauts que ceux ayant échoué. Dans la mesure où le baguage est limité à une hauteur maximale de 9 mètres , on ne peut conclure sur la variation du succès pour les hauteurs supérieures à cette limite. On pourrait cependant s'attendre à ce qu'il diminue de nouveau, dans la mesure où les corvidés sont bien présents et prospectent efficacement la canopée…Il est intéressant de constater que même dans une gamme de hauteur réduite (entre 3 et 5 m ), un effet se fasse déjà sentir sur le succès de la reproduction. Chez le P. colombin, les valeurs illustrent plus la hauteur de l'entrée du nid que la hauteur réelle du nid qui se trouve dans une cavité plus ou moins accessible. La tendance reste néanmoins la même que chez le P. ramier. La T. turque s'aligne sur cette tendance en bosquet, en revanche il n'apparaît pas de différence en milieux agricoles ou urbanisés. Affectionnant les stabulations et particulièrement les poutres sous les toits, on obtient probablement une uniformisation des hauteurs de nids d'où l'absence de différence. Les résultats obtenus chez la T. des bois sont originaux car pour certaines catégories ils vont à l'inverse des autres espèces. L'explication pourrait venir du fait que cette espèce niche souvent cachée au milieu de lianes. Ces lianes se situent plutôt dans la strate arbustive, si bien que les nids trop hauts seraient plus exposés à la prédation.

 

Figure 11 : relation entre succès reproducteur et hauteur du nid, par habitat. Les nids ayant échoué figurent en noir (E), ceux ayant réussi en blanc (R). Les valeurs obtenues sont les moyennes ± l'erreur standard.

Le nombre d'essences différentes dans lesquelles des nids ont été suivis en 2003 se stabilise pour le P. ramier (95, contre 84 et 100 respectivement en 2001 et 2002), et la T. turque (58, contre 50 et 63 respectivement en 2001 et 2002). Ces chiffres augmentent encore quelque peu chez les 2 autres espèces (P. colombin 15, T. des bois 29). Il semble que le programme ait donc à peu près circonscrit la gamme de support utilisé par les 2 premières espèces. Reste à voir si l'extension du programme vers le sud de la France va à nouveau élargir cette gamme d'essences. Le succès reproducteur du P. ramier s'avère significativement plus élevé sur support artificiel (61%) que résineux (56%) et feuillus (50%). Etonnamment, ce succès en 2003 est aussi plus élevé sur les nids sans lianes (53%) que sans liane (47%). Chez le P. colombin, le succès est largement plus fort sur feuillus (83.9%) qu'en milieu artificiel (63.4%). A l'inverse, la T. turque présente un succès maximal sur support artificiel (72%), puis sur feuillus (64%) et enfin sur résineux (58%). Ce succès est légèrement supérieur lorsque le nid est dans une liane (70% avec liane, 68% sans). Enfin chez la T. des bois la présence de liane influe favorablement le succès reproducteur (65% contre 50% sans liane).