Rapport de baguage 2005

publié le Lundi 22 Août 2005

Habitat et Variation du succès reproducteur chez le P. ramier

publié le Lundi 22 Août 2005

Dans le cas du P. ramier, l’effet de l’habitat n’est testé qu’au travers d’une définition très globale (4 grandes classes : habitats forestiers, agricoles, grandes zones urbaines, villages). En effet, le simple fait de tester des modèles avec par exemple un effet mois et un effet habitat crée un nombre de groupes important qui doivent chacun contenir un nombre suffisants de nids pour permettre les analyses. Ainsi, les grands massifs forestiers, peu prospectés dans le cadre du programme, ne fournissent pas assez de données pour être analysés spécifiquement, et sont regroupés avec les bosquets. De même les nids suivis en zone humide sont rattachés pour l’instant aux zones agricoles. Les nichées suivies en début de saison (mars) peuvent être aussi peu nombreuses dans certains habitats, on regroupe donc souvent les nids suivis sur mars et avril. Seule une prospection plus équilibrée sur les différents habitats peut permettre de travailler plus finement. L’analyse du micro-habitat sera effectué ultérieurement dans le cadre d’un travail spécifique.

Fig. 9  : Variation chez le P. ramier du succès à l’éclosion (à gauche), au départ du nid (au centre), et sur l’ensemble de la tentative de reproduction (à droite) au cours de 2004 (ligne du haut) et 2005 (ligne du bas).

 

 

En 2004, le succès au cours de l’incubation et de l’élevage chez le P. ramier varient à la fois au cours du temps et selon les habitats (Fig. 9). Le succès augmente linéairement avec le temps, avec une probabilité d’éclosion variant de 25 à 45% en début de saison, pour culminer à 35 – 66% en fin de saison. Le succès à l’envol suit la même évolution, mais avec des probabilité de succès plus élevées : de 40 à 65 % en début de saison, pour culminer à la fin entre 50 et 80%. Au final, la probabilité qu’une ponte produise au moins un jeune à l’envol débute de 10 à 30% en début de saison pour atteindre 20 à 50% à la fin.

Quel que soit le stade de la reproduction, le succès est toujours meilleur en zone urbanisée, et particulièrement dans les villages. Sur l’ensemble du cycle, le succès en zone urbaine (ville & village) dépasse d’environ 15% le succès mesuré en zone agricole ou en zone boisée. En 2005 on retrouve un schéma identique pendant l’incubation, mais avec des résultats très similaires entre villes et villages. Si le succès varie sur les même chiffres qu’en 2004 pour les habitats urbains, ils sont en revanche 10% plus faibles en milieux agricole et forestier. Les choses changent un peu pendant l’élevage en 2005, où on ne distingue plus de variation au cours du temps : les données suggèrent un succès à l’envol constant sur la saison, mais avec toujours des différences entre habitats (de 45 à 75% selon les habitats, Fig. 9). Le succès sur l’ensemble du cycle rappelle celui de 2004, avec cependant des valeurs plus faibles et une augmentation moins importante au cours de la saison, puisqu’il varie de 5 à 25% en début de saison pour atteindre 10 à 40% en fin de saison. Donc en 2005, le SR du P. ramier est plus faible qu’en 2004, même si il varie à peu près de manière identique au cours du temps. Les différences entre habitats subsistent bien que les résultats soient beaucoup plus homogènes au sein des zones urbanisées : le succès reproducteur a peu varié en village mais il a augmenté en grande zone urbaine.

Le meilleur succès des villages par rapport aux villes en 2004 peut surprendre, dans la mesure où l’on pourrait penser que la pression de prédation serait plus forte en village qu’en ville. Il est possible que la proximité plus forte des nids avec les habitations dans les villages (les nids sont souvent dans des jardins) les rendent moins accessibles aux prédateurs que ceux situés dans les parcs ou grandes avenues en ville. Cependant, si cette hypothèse est valide, pourquoi cette différence ne subsiste-t-elle pas en 2005 ? il serait intéressant de vérifier si entre les 2 années le micro-habitat des nids suivis en zone urbanisée n’a pas pu varier significativement (par exemple moins de nids en jardin et plus sur les emprises de route en 2005).

Au vu des résultats obtenus en 2004 et 2005, on peut se demander pourquoi le P. ramier cesse de se reproduire en septembre – octobre, puisque le SR est alors à son apogée. Il ne faut pas oublier que le succès d’un couple reproducteur n’est pas estimé uniquement par le nombre de jeunes qui quittent le nid, mais surtout par le nombre de jeunes qui deviendront effectivement des futurs reproducteurs. Si les jeunes quittent plus facilement le nid en fin de saison, on ne sait rien en revanche, ou peu de choses, de leur survie dans les mois qui suivent. Le P. ramier est l’espèce parmi les colombidés où la taille des poussins à l’envol est la plus petite par rapport à la taille adulte (environ les 2 tiers de la taille adulte), or les poussins tardifs doivent absolument terminer leur croissance alors que les ressources alimentaires et la durée du jour disponible pour s’alimenter diminuent rapidement. La survie de poussins les plus tardifs est donc probablement plus faible. Les adultes n’auraient donc aucun intérêt à poursuivre la reproduction, d’autant plus qu’ils doivent eux aussi passer de plus en plus de temps en fin de saison à rechercher de la nourriture.