J'habite et chasse sur la commune de St Pée sur Nivelle au Pays Basque, village parmi les plus étendus de France : 6500 hectares de superficie dont 1400 de forêt (essentiellement du chêne du Pays ou chêne pédonculé).

Il y a encore 20 ans, on se "battait" afin de chasser dans sa forêt principale dénommée "Zirikolatz". Cette année, nous sommes la seule cabane à y avoir chassé. Un modeste résultat à trois chasseurs (avec mon père et mon frère), 29 palombes et 2 colombins, et énormément de travail de taille avec une forêt à perte de vue qui nous entoure. Pour exemple, le dernier appelant placé cette année est à 22 mètres de haut...

Notre chasse est axée sur le passage pur du matin. Ah pour passer, elles passent, mais ne s'attardent guère, ici pas de réserves landaises ni de maïs !
Si bien qu'à partir de 13h00, inutile de rester en cabane, la messe est dite.

Non, la où tout se passe, c'est dans ce fameux axe du "retour" ou "contre". Et nous passons quelques après-midis à assister à ce spectacle à 2 kilomètres plus à l'ouest de notre cabane : des vols fatigués, beaucoup plus chassables, qui descendent aux appelants comme des pierres, et ce parfois jusqu'à la nuit.
Cela laisse rêveur d'autant que les cabanes en question sont placées deux fois moins hautes que la notre, parfois dans un simple bosquet en lisière de maïs. Beaucoup moins d'entretien et de taille, et de l'activité toute la journée en général.

Ah, ce foutu maïs qui attire tant et qui "garde" les palombes... Ô mon pauvre gland ancestral !

Le tir au vol avec appelants est strictement interdit sur notre commune, nous tirons donc tout au posé. Malheureusement, juste à côté, la zone côtière a une autorisation spéciale de tir au vol avec appelants : une honte ! Sous prétexte qu'ils ont peu de forêts alors que je viens de vous expliquer qu'un simple bosquet actuellement peut être un endroit fameux.


Mon père, en souvenir de son beau-père et des moments passés dans notre cabane, veut y rester coûte que coûte, même si à deux kilomètres de là certaines cabanes parlent en centaines de prises. Il veut "finir là" comme il dit !
Avec mon frère, dur dur de rester les après-midis à contempler... C'est décidé, l'année prochaine, nous reprenons un petit coin sur ce fameux couloir du "contre" tout en chassant les matinées avec notre père. Un peu plus de boulot donc !

Une petite évolution pour nous, une révolution pour notre père, qui nous a tout de même avoué qu'à notre âge, il aurait sûrement fait la même chose...

Milesker Aita ! (Merci papa !).