On a non seulement entendu siffler les balles, mais aussi nettement perçu les impacts, ce vendredi 16 septembre, nouveau siège de la fédération de la chasse et de la pêche de la Somme… Un fait plutôt rare pour ce genre d’événements où l’on cultive généralement l’art du consensus mou sous couvert de « tradition républicaine ».
Tradition joyeusement piétinée hier par Willy Schraen, président nouvellement élu de la fédération nationale de la chasse, qui s’est laissé emporter par sa carrure de rugbyman pour tacler durement Barbara Pompili, secrétaire d’État à la biodiversité, dont il n’a manifestement pas digéré la présence. « Je vous renvoie, Mme la Ministre, au passage d’un de vos discours devant l’Assemblée nationale, concernant la chasse au gluau. Il y a été question de braconnage, de recel d’oiseaux, de commerce illicite… On ne peut pas le lundi tenir ce genre de discours et le vendredi venir inaugurer une maison de la chasse… »
Sonnée mais pas KO
L’instant d’avant, dans une charge digne cette fois d’un régiment de hussards, il avait fustigé l’attitude de la ministre qui avait demandé aux directions départementales du territoire et de la mer (DDTM), de réunir autour de la table l’ensemble des usagers de la nature pour en envisager un partage. Ceci, à la suite d’un accident de chasse qui a coûté la vie à un joggeur en Haute-Savoie.
Sonnée mais pas KO, la ministre qui a eu l’air de découvrir cette dernière affaire, en a appelé au nécessaire dialogue : « Il y a des préjugés à casser. Les chasseurs comme les pêcheurs ont un rôle évident en matière de protection de la nature parce qu’ils ont besoin d’une biodiversité en bonne santé pour pratiquer. Je suis d’ailleurs heureuse de constater que cette maison a été nommée maison de la nature. Il faut sortir de ce schéma où les uns parlent de viandards, les autres de bobos. Ça ne mène à rien. »
Sur la défensive
Souci d’ouverture… La secrétaire d’État a indiqué qu’elle ne désespère pas d’intégrer aux instances dirigeantes de l’Agence française de la biodiversité (AFB) qu’elle vient de créer, l’Office national de la chasse et de la faune sauvage. Juste avant, Willy Schraen avait déploré la nomination à la tête de l’AFB, par la même Barbara Pompili, des numéros 1 et 2 du ROC, Rassemblement des opposants à la chasse : « Des gens qui font du combat anti-chasse l’alpha et l’oméga de la biodiversité. De quelle ouverture parle-t-on ? » À l’évidence, le dialogue entre ces deux-là promet d’être compliqué. En témoignent les échanges aigre-doux qui ont suivi à l’heure du champagne et des petits-fours.
Cette affaire montre en tout cas à quel point le monde de la chasse est à nouveau sur la défensive après la nomination d’une écologiste aux affaires environnementales. Une écologiste qui savait pertinemment où elle mettait les pieds. Passée la surprise, Barbara Pompili n’a pu que se frotter les mains en se remémorant ce mot de Maxime Gremetz, le bouillant député communiste de la Somme qui aimait dire : « Peu importe que l’on parle de moi en bien en ou en mal, l’essentiel c’est qu’on parle de moi ».